Actu’Air N°74 : Juin 2023
- On 6 juin 2023
- En Actu'Air
EN BREF :
- 15 mai – European Superviory Authorities (ESA) : Publication d’une fiche descriptive interactive expliquant aux consommateurs l’impact des taux d’intérêts croissants et de l’inflation sur leur argent. Cela inclus les impacts sur les produits et services financiers tels que les assurances et les pensions.
- 25 mai – ESA : Un projet de rapport commun a été proposé à la Commission européenne. Celui-ci a pour but d’aider les acteurs du marché à être mieux informé des impacts ESG pour les titrisations simples, transparentes et standards
(STS en anglais).
- 1er juin – ESA : l’EIOPA, l’EBA et l’ESMA ont chacune publié un rapport détaillant les effets néfastes du ‘Greenwashing’ dans le secteur financier et comment les réguler. Le ‘greenwashing’ étant la publication/communication d’informations qui ne reflètent pas clairement ou justement l’aspect renouvelable d’une entité, d’un service ou d’un produit.
QUELS SONT LES POINTS DE VULNERABILITE DU SYSTEME FINANCIER EUROPEEN ?
L’EIOPA a publié son traditionnel Tableau de bord des risques pour les assureurs. En ce mois de mai 2023, les données se rapportent au quatrième trimestre 2023. Globalement, on observe, comme sur l’ensemble de l’année 2022, une détérioration progressive de la situation de risque qui, sans atteindre des niveaux inquiétants, attirent l’attention sur certains points.
Les risques les plus significatifs pour les assureurs sont le risque « macro » (lié au contexte macro-économique général) et le risque de marché. Ces deux risques présentent un niveau qualifié d’ « élevé » (code couleur orange), le second présentant en outre une perspective défavorable. Les tensions géopolitiques présentes pendant pratiquement toute l’année, et qui se prolongent en 2023, ont contribué à fragiliser une économie marquée par un réveil brutal de l’inflation et son corollaire, le relèvement des taux d’intérêt. L’EIOPA note une croissance de 0.53% du produit intérieur brut, sans chiffrer une inflation globale qui « reste dans la fourchette haute ». Le resserrement de la politique de crédit de la banque centrale devrait se poursuivre à court terme, justifiant une perspective défavorable pour le marché obligataire, déjà malmené en 2022. L’EIOPA note, en outre, que les marchés d’actions ont atteint des niveaux élevés, entraînant un risque accru de baisse à court terme. Pourrait-on soupçonner un certain biais cognitif dans cette assertion, les marchés d’actions ayant surtout surperformé en 2023, jusqu’au début de mai, atteignant parfois des sommets historiques, dont ils redescendent quelque peu depuis ces dernières semaines. Mais nous nous trouvons ici en dehors de la période d’observation….
Le risque de liquidité augmente, mais reste modéré, avec une perspective stable. On s’en réjouira même si une telle appréciation apparaît un peu contre-intuitive. L’EIOPA note d’ailleurs une baisse des liquidités et une augmentation des rachats.
Niveau de risque modéré, mais perspectives défavorables pour les risques cyber et ESG. L’exposition des assureurs aux instruments financiers « verts » a légèrement baissé au cours de la période d’observation.
Le risque de souscription est, lui aussi, noté modéré avec une perspective défavorable. Pour le second trimestre consécutif, l’encaissement de l’assurance vie, au niveau européen est en retrait par rapport à la période correspondante de l’année précédente.
ZOOM SUR LUXEMBOURG
Ce phénomène nous donne l’occasion de regarder de plus près le marché luxembourgeois, mais cette fois, au premier trimestre 2023. Le CAA a publié le 16 mai un communiqué de presse accompagnant les indicateurs trimestriels d’évolution des primes et des provisions du secteur de l’assurance. Les résultats ne laissent pas d’étonner. Une progression de 12% de l’encaissement non-vie fait passer celui-ci devant l’encaissement vie, en forte contraction : 6.14 milliards de primes non-vie contre 4.11 milliards en vie. Il y a un an, les montants correspondants s’élevaient à 5.49 et 6.24 milliards. L’inflation profite à l’encaissement non-vie (bientôt aussi aux sinistres !), mais tétanise l’assurance vie, en recul d’un tiers. Plus délicat encore est le tassement des provisions d’assurance vie : 4.5% en glissement annuel, mais 16.1% en assurance classique. Les rachats ont donc affecté plus de 20% du portefeuille classique, avec un report très partiel sur les unités de compte. La hausse des taux aura sans doute été le facteur principal de cette évolution. La persistance des taux bas a donné lieu à de nombreuses lamentations. Mais ce n’est pas le niveau des taux en soi qui est important, même si les extrêmes favorisent de brusques retours de flamme, comme celui que nous vivons, qui eux sont dommageables. La décollecte luxembourgeoise, observée peu ou prou sur tous les marchés, montre la sensibilité des assureurs aux mouvements de taux, en particulier quand leur portefeuille est constitué majoritairement d’investissements libres et mobiles.
EVENEMENTS A VENIR
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Le 8 Juin 2023: Manifestation ILAC: La quadrature de la «value for money» présentée par Thierry Flamand (Directeur du CAA)
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Le 15 Juin 2023, 8h15: Morning FORSIDES: Assurance de personne et hausse des taux, quelles perspectives