Actu’Air N°72 : Avril 2023
- On 11 avril 2023
- En Actu'Air
EN BREF :
- 29 mars – EIOPA : Publication d’un document de travail sur les risques liés à la nature et leur impact sur les assureurs.
- 5 avril – IMMOBILIER : Les prix des appartements et maisons devraient encore baisser au Luxembourg étant donné que les taux d’intérêts pour les crédits immobiliers sont toujours en hausse.
TURBULENCES BANCAIRES : DE LA SILICON VALLEY AUX MONTAGNES SUISSES
Sommes-nous entrés dans une ère de turbulences bancaires ? La défaillance de trois banques moyennes aux Etats-Unis et les difficultés du géant Crédit Suisse, finalement racheté par son principal concurrent, UBS, ont agité le spectre de la crise des « subprimes », en 2008, de sinistre mémoire.
Ce 10 mars, la Silicon Valley Bank a fermé ses portes. Deux banques plus petites ont suivi. SVB, la 16ème des Etats-Unis par la taille de son bilan, était spécialisée dans le financement de start-up engagées dans le développement des nouvelles technologies. Ces clients ont procédé à d’importantes levées de fonds en 2021, doublant presque leurs dépôts auprès de la banque, bien au-delà des 250 000 dollars protégés par la loi américaine. En regard de ces dépôts, la banque a acquis des bons du trésor américain, des placements très sûrs du point de vue du risque de contrepartie, mais qui restent exposés au risque de taux. Or, ceux-ci sont partis de l’avant en 2022. Le crédit devenant plus cher, les clients ont utilisé davantage leurs liquidités, contraignant la banque à vendre à perte des bons du trésor. L’annonce d’une augmentation de capital destinée à maintenir sa solvabilité a engendré une perte de confiance accélérant le mouvement, jusqu’à ce que la banque demande la protection contre ses créanciers. Finalement, le Trésor américain garantira les dépôts au-delà de la limite légale pour ce cas particulier de SVB et de Signature Bank, qui auront représenté les deuxième et troisième défaillances bancaires de l’histoire des Etats-Unis. L’extension de cette garantie au marché faisant encore débat au niveau politique. La Réserve fédérale a en outre annoncé un programme de financement de liquidités (« Bank Term Funding ») permettant aux banques d’apporter en contrepartie des obligations valorisées à leur valeur nominale plutôt qu’à leur valeur de marché. Bien qu’on puisse incriminer une lacune dans la régulation américaine applicable aux banques « non systémiques », SVB, Signature Bank et Silvergate Bank peuvent être considérées comme des victimes de la hausse des taux d’intérêt.
Le cas de Crédit Suisse est de nature différente. L’entreprise était très engagée dans la banque d’affaires, grosse consommatrice de capitaux et impliquée dans un certain nombre d’opérations controversées. Elle a entamé une profonde et coûteuse restructuration qui l’a conduite à faire
appel à ses actionnaires. Le refus du premier d’entre eux, la Saudi National Bank, de mettre la main au portefeuille a provoqué une crise de confiance qui a conduit les autorités suisses à organiser, sans l’aval des actionnaires, le rachat de la banque par sa rivale UBS. L’origine des turbulences est ici à rechercher dans une gouvernance hasardeuse plutôt que dans les effets de la hausse des taux. A cet égard, une certaine inquiétude subsiste à propos de la taille du groupe fusionné : un monstre pesant plus de 5000 milliards de francs suisses est-il gouvernable ou, selon le mot d’un commentateur, « trop gros pour survivre » ?
Si ces remous méritent l’attention, les autorités de surveillance se veulent rassurantes sur leurs implications systémiques.
LE CAA PUBLIE UNE HAUSSE HISTORIQUES DES TAUX TECHNIQUES.
Le 13 mars, le Commissariat aux Assurances a publié les nouveaux taux techniques maxima par devise applicables à partir du 1er mai prochain (LC 23/4). C’est la première fois, depuis 2007, qu’une hausse est enregistrée pour l’euro et, avec un saut de 0 à 1.25% pour l’euro, de 0.25 à 1.50% pour la livre et de 0.75 à 1.75% pour le dollar, c’est la plus importante que l’on ait notée depuis les débuts de l’institution.
Formellement, la question ne concerne que le calcul des provisions techniques en bases locales. Mais elle se répercutera immanquablement sur les bases techniques des nouveaux produits et nouvelles versions de produits en branche I. Les compagnies seront attentives à gérer les tensions entre générations de produits susceptibles d’engendrer des rachats et déplacements de portefeuilles indésirables.
EVENEMENTS A VENIR
- Le 27 Avril 2023, 8h15: Morning FORSIDES: Intégration des risques de durabilité dans l’ORSA
- Le 27 Avril 2023, 18h15: Manifestation ILAC, webinar: Introduction to Catastrophe Risk Management
- Le 4 Mai 2023, 8h15: Morning FORSIDES: Durabilité et assurance : on en parle?
- Le 4 Mai 2023, 18h15: Assemblée Générale de l’ILAC (sur invitation)