Actu’Air N°43 : Avril 2020
- On 6 avril 2020
- En Actu'Air
EN BREF :
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- 12 Mars – Règlementation : Suite à la pandémie du Covid-19, les tests de résistance des banques européennes initialement prévu en 2020 sont reportés en 2021. L’Autorité Bancaire Européenne (ABE) précise que « cela doit permettre aux banques de se concentrer sur leur coeur d’activité et d‘en assurer la continuité, et notamment le soutien à leurs clients ».
- 19 Mars – Coronavirus : La Banque Centrale Européenne annonce des rachats de titres pour 750 milliards d’euros pour palier à une nouvelle crise de la zone euro. Ce montant est inédit.
- 25 Mars – EIOPA : Suite aux recommandations de l’EIOPA face au Covid-19, le Commissariat aux assurances allonge les délais de remise du reporting Solvabilité 2 et de publication pour les entreprises d’assurances et de réassurances sous son contrôle.
- 27 Mars – EIOPA : Publication de courbes de taux hebdomadaires plutôt que mensuelles. En raison de l’épidémie de COVID-19, l’EIOPA effectuera dans les prochaines semaines des calculs extraordinaires sur une base hebdomadaire afin de suivre l’évolution des structures de taux d’intérêt sans risque et de l’ajustement symétrique au risque sur actions. L’EIOPA publiera ces informations afin de soutenir les entreprises d’assurance et de réassurance dans le suivi de leur solvabilité et de leur situation financière.
Les assurances face au Covid-19
L’apparition en décembre 2019, de la maladie Covid-19 et plus particulièrement son évolution en pandémie, à partir de février/mars 2020, ont déclenché de par le monde une série de réactions prophylactiques fortes de la part des autorités : fermeture des lieux publics, des écoles, mesures de confinement. Plus que les effets directs d’une maladie encore mal connue et présentant un profil infection/morbidité/létalité plutôt inédit, c’est la mise en œuvre de ces réactions qui affecte aujourd’hui l’économie mondiale et partant, le monde de l’assurance.
Les effets sur l’assurance sont de deux ordres : impact sur les demandes de prestations – décès, soins de santé, annulation de voyages, pertes d’exploitation – et conséquences sur l’actif du bilan, à travers la décote sur les marchés financiers.
Pour affligeante qu’elle soit, la létalité associée à Covid-19 ne semble pas devoir prendre des proportions qui affecteraient significativement le bilan des assureurs. A l’échelle de la mortalité générale, les décès restent contenus et frappent majoritairement une population âgée sans prestations décès sous risque significatives. Il en va à peu près de même pour les soins de santé. Des problèmes de concentration, à la marge, peuvent néanmoins apparaître du fait des fortes disparités géographiques des taux d’incidence et de létalité. Observons que le caractère de pandémie n’enlève rien aux obligations contractuelles des assureurs dans ces domaines.
Un impact économique considérable est lié aux pertes d’exploitation, dues à l’inactivité forcée de nombreux secteurs. Ici, en revanche, la plupart des contrats citent la pandémie comme clause d’exclusion.
Les marchés d’actions ont réagi par une baisse de l’ordre de 30%, typique d’un crash et les taux d’intérêt se sont légèrement relevés. Il faut s’attendre à des répercussions négatives sur le ratio de solvabilité des assureurs vie, même si, d’une part, les investissements en actions adossés aux engagements garantis en euros y sont en faible proportion et si, après tout, la marge de solvabilité est destinée à faire face à de tels aléas.
La situation est en revanche plus tendue pour les fonds de pensions de type anglo-saxon, massivement investis en actions. Enfin, la durée du « deep », plus que sa profondeur, sera déterminante pour les assureurs spécialisés en produits liés à des unités de compte, dont les recettes sont presque parfaitement proportionnelles à la valeur des actifs qu’ils détiennent et qui devront, en plus, convaincre des clients peut-être échaudés.
Les assureurs gèrent aujourd’hui ces difficultés avec des circuits de travail affectés par le confinement des populations et un absentéisme accru. En ces circonstances, les autorités de surveillance font preuve à la fois de souplesse et de vigilance. Le retour à la normale sera l’occasion d’analyser une situation de stress que nul n’aurait prédite il y a seulement trois mois.
Report de la mise en application de la norme IFRS 17
Le 17 mars dernier, le Bureau international des normes comptables (IASB) a voté en faveur du report de l’entrée en vigueur de la norme comptable internationale IFRS 17 au 1er janvier 2023. En effet, après avoir obtenu un délai d’un an supplémentaire, la norme comptable internationale sur les passifs d’assurance devait entrer en vigueur le 1er janvier 2022. Les assureurs européens s’étaient engagés pour demander à l’IASB de reporter la mise en application de la nouvelle norme. Condamnant sa complexité, ils avaient également souligné l’incohérence de son contenu et le fait qu’il n’était pas approprié par rapport à la réalité du secteur de l’assurance.
Le contenu de la norme devra être arrêté par l’IASB de manière définitive au 30 juin. D’ici là, les assureurs espèrent que ce contenu sera modifié afin de corriger les défauts existants. Il n’en demeure pas moins que l’IFRS 17 avant d’entrer en vigueur en Europe, devra être homologuée par l’European Financial Reporting Group (EFRAG) puis adoptée par le Parlement et le Conseil de l’UE.
Tout en saluant cette décision, Insurance Europe, la fédération européenne de l’assurance, regrette que l’IASB ait décidé de ne pas répondre aux préoccupations concernant l’exigence de cohortes annuelles (contrats souscrits la même année) et que d’autres problématiques aient également été laissées en suspens.