Actu’Air N°94 : Mai 2025
- On 6 mai 2025
EN BREF :
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3 avril 2025 : Approbation par les députés du Parlement européen du report des nouvelles règles relatives à la durabilité et au devoir de vigilance (CSRD et CSDDD).
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3 avril 2025 : Lancement par l’EIOPA d’une série de consultations publiques relatives au réexamen de Solvabilité II.
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8 avril 2025 : Publication par l’EIOPA de son approche visant à soutenir l’objectif de simplification de la réglementation et de réduction des charges administratives pour renforcer la compétitivité européenne.
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10 avril 2025 : Présentation par la fondation Idea de son “Avis annuel”, visant à présenter sa vision de la situation économique du Luxembourg, et de son “Consensus économique” ayant pour but d’interroger des décideurs économiques, politiques, universitaires et syndicaux sur la conjoncture luxembourgeoise et ses perspectives.
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24 avril 2025 : Dernière réunion des groupes d’experts dans le cadre de la réforme du système de pensions. Selon le calendrier communiqué par le gouvernement, les grandes lignes de la réforme devraient être présentées cet été, et un projet de loi déposé cet automne.
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26 avril 2025 : L’agence de notation Scope ratings confirme la notation AAA du Luxembourg, avec perspectives stables
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28 avril 2025 : L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté au gouvernement son rapport sur l’état de l’économie luxembourgeoise ainsi que ses recommandations.
ALERTE DES AES SUR LES RISQUES GEOPOLITIQUES ET LIES A L’IA
Les autorités européennes de surveillance (AES/ESA) ont rendu le mois dernier un rapport sur les risques et vulnérabilités pesant sur la stabilité du système financier européen. Au vu du contexte international et technique, l’accent a été mis sur les risques géopolitiques et liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle.
La forte exposition de l’économie européenne à l’économie américaine, étant donné la grande imbrication de ces dernières, et les grandes turbulences commerciales et politiques de ces derniers mois, ont eu comme conséquence des incertitudes et de la volatilité sur les marchés. Le risque géopolitique (éléments politiques ayant de potentiels impacts internationaux directs ou indirects) pèse ainsi fortement sur la stabilité financière. Ces tensions géopolitiques se matérialisent de différentes manières : risque cyber, risque de crédit dans les pays à risque, risque de conformité, risque de liquidité, risque d’investissement, hausse du coût des sinistres, hausse du coût de la réassurance (dû à la volatilité des monnaies), baisse de la coopération internationale et donc une plus forte exposition aux événements extrêmes et exceptionnels.
En parallèle, notre paysage opérationnel, en raison de sa dépendance à des systèmes d’information complexes, est menacé par la menace cyber, et est techniquement transformé en profondeur par l’intelligence artificielle. Celle-ci guide les décisions d’investissement, la gestion du risque, la tarification, la détection de fraude ou d’activités illicites et, si son aide peut être précieuse, elle risque cependant d’accroître certains risques. En effet, une amplification de l’exposition aux chocs de marchés peut s’observer en raison d’une dépendance excessive des IA à des sources et modèles similaires, dont les données utilisées peuvent être de plus ou moins bonne qualité et
collectées par des modèles dont les algorithmes ne sont pas connus, rendant ainsi leur gouvernance et leur surveillance compliquées. Par ailleurs, comme cela a été identifié par le FMI, l’IA, en étant en mesure de traiter de gros volumes de données sur de courtes périodes, et de passer en masse des ordres de manière automatisée, peut provoquer des fluctuations brutales et des krachs éclairs.
Sur base de ces constats, les recommandations des AES aux autorités et institutions financières pour faire face aux défis géopolitiques, cyber et liés à l’IA sont les suivantes :
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Se préparer à la volatilité, au risque de liquidité, à la hausse des différentiels de taux.
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Être prêt en cas de rupture de chaînes d’approvisionnement ou de baisses de volumes échangés.
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Surveiller les risques économiques et géopolitiques en les intégrant dans un cadre de gestion des risques, via des scenarii d’impacts sur l’exposition, la liquidité, la résilience opérationnelle, le capital ou le modèle d’entreprise.
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Améliorer la qualité de la gestion des données, afin que ces dernières, utilisés dans les modèles d’IA, soient fiables et précises, via un cadre de gouvernance adapté.
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Surveiller les impacts de l’IA (opérations, résilience, conformité, etc.) afin d’évaluer ses progrès et risques dans le secteur financier.
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Continuer à dérouler le processus d’implantation de DORA qui offre des outils performants de traitement du risque TIC et cyber.
Faisant face à des difficultés techniques et des turbulences géopolitiques, juridiques et réglementaires sans précédents, les acteurs du monde de la finance et de l’assurance entrent dans une période de grande incertitude et pleine de défis.