Actu’Air N°76 : Septembre 2023
- On 12 septembre 2023
- En Actu'Air
EN BREF :
- 18 Juillet – CAA : Publication du rapport annuel 2022/2023 et des chiffres clé 2022.
- 24 Juillet – EIOPA : Dans un document de travail l’EIOPA analyse la mise en place d’un tableau de bord de l’assurance dans le cadre de « l’open insurance ». Une ouverture à la consultation pour les parties prenantes a été lancée.
- 28 Juillet – EBA : Publication des résultats des stress tests EBA lancés le 31 janvier dernier. Dans le contexte géopolitique actuel, le scenario adverse proposé pour cet exercice s’avérait relativement fort comparé à l’exercice 2021 : inflation, hausse des taux d’intérêts, … Malgré cela, les banques semblent en mesure de résister à un tel scenario.
- 31 Juillet – EIOPA : Publication du tableau de bord des risques d’assurance (Q1-2023). Celui-ci montre que les niveaux de risque restent globalement constants, toutes les catégories de risques indiquant des risques moyens, à l’exception des risques macroéconomiques qui sont actuellement la principale préoccupation du secteur.
- 17 Août – CAA : Publication des résultats du secteur de l’assurance au second trimestre 2023: pas de gros changements quant aux dernières observations: alors que la hausse de la collecte se confirme en assurance non-vie, de son côté les primes d’assurance vie sont en diminution par rapport à la collecte 2022 sur la même période. Ce constat concerne aussi bien les fonds garantis que les fonds en unités de compte.
- 4 Septembre – EIOPA : Publication d’une fiche d’information sur les investissements des assureurs de l’EEA à la fin du premier trimestre 2023 après avoir recueilli des statistiques complètes sur les actifs et les passifs des (ré)assureurs actifs dans l’Espace économique européen.
ANALYSE PAR MICHEL LEPETIT, PARTNER FORSIDES, DES DIFFICULTES ET ENJEUX DES ASSUREURS ET REASSUREURS FACE AUX RISQUES CLIMATIQUES
Dans une tribune parue dans le journal français « Le monde » le 09 juillet 2023, Michel Lepetit, président de « Global Warning », vice-Président du think-tank « The Shift Project » et partner Forsides, fait le constat « qu’en 2022, une conjonction de phénomènes financiers et physiques a disloqué, à l’échelle planétaire, le marché de la réassurance des catastrophes naturelles climatiques ». Et qu’au terme de cette séquence, la forte augmentation du prix de la réassurance n’a pas été accompagnée d’une augmentation de l’offre, obligeant les assureurs à conserver plus de risque que prévu sur leur bilan.
D’après Michel Lepetit, « Les assureurs semblent s’être longtemps illusionnés sur leur capacité d’adaptation au risque du changement climatique. Ils pensaient n’avoir qu’à réviser leurs tarifs – à la hausse – chaque année ». Mais l’augmentation de la fréquence des chocs et leur caractère de plus en plus extrême met à mal cette croyance de marché. Il insiste sur le fait que le risque de dérèglement climatique n’est pas le risque climatique connu depuis longtemps par les assureurs. Selon sa formule ; « le risque du dérèglement climatique, c’est le dérèglement du risque climatique. Il s’avère, en effet, difficile à modéliser, à quantifier, à anticiper ; et, donc, à assurer ». Il est donc difficile de croire que face à ce risque, le marché va pouvoir continuer à fonctionner sur base des pratiques actuelles. On est donc face à un véritable défi pour les assureurs qui doivent repenser leur façon d’appréhender la gestion des risques climatiques.
Dans la deuxième partie de l’article, Michel Lepetit illustre le phénomène du déficit croissant d’assurabilité du risque climatique. Il énumère une série de catastrophes, dont certaines nous ont touchées directement comme les inondations de 2021, mais aussi les innombrables feux de forêt en Amérique du Nord et en Europe, les typhons, les tornades, les très fréquents épisodes de grêle… Tous ces évènements plombent les comptes de résultats des assureurs et des réassureurs, rendent le système financièrement intenable, mettent à mal des systèmes d’intervention de type CAT NAT, et exigent de plus en plus souvent des interventions des pouvoirs publics en dernier ressort.
D’après l’auteur, « ni les assureurs collectivement ni leurs régulateurs malgré leur juste appréhension de la crise climatique n’ont su ou pu alerter les décideurs politiques d’un éventuel scénario de stress comme celui advenu l’an passé ». On voit néanmoins, depuis le début de cette année 2023, les instances internationales en Europe, les régulateurs et les pouvoirs publics, multiplier les initiatives dans l’urgence pour tenter d’y remédier et de préparer l’avenir. Malgré cela, Michel Lepetit pointe aussi l’inquiétude des régulateurs face à l’émergence de nouveaux risques systémiques, comme par exemple, le risque sur les encours de crédit immobilier résidentiel, dus à l’éventuelle ‘inassurabilité’ des biens en garantie.
Tout ceci est évidemment bien connu des compagnies d’assurance et de réassurance qui prennent de plus en plus la mesure de l’ampleur du défi qui se dresse devant nous. Mais pour l’auteur, les solutions face à ce défi ne consistent pas seulement à mettre en place des innovations dans la modélisation des risques ou dans l’ingénierie financière car cela ne suffira pas à maitriser le risque de dérèglement climatique. Il plaide plutôt pour la transition vers un nouveau modèle où il encourage les assureurs à se mobiliser beaucoup plus sur la prévention des risques, mais aussi et surtout à s’unir, à échanger leurs données, leurs outils et leurs meilleures pratiques afin de faire preuve « d’intelligence collective au service du bien commun ». Il conclut en rappelant que l’adaptation au changement climatique est un chantier d’une complexité immense, interdisciplinaire et systémique, et que l’assurance doit y contribuer pour « ne pas manquer son rendez-vous avec l’histoire ».
EVENEMENTS A VENIR
- Du 11 au 15 Septembre 2023: 3e colloque International de l’Actuariat francophone : Conférences & tables rondes
- Le 28 Septembre 2023: Manifestation ILAC: Impact de l’inflation sur le provisionnement non-vie présentée par Xavier Maréchal (CEO & Founder de Reacfin)